Si r⩾1, Sn=1+r+r2+⋯+rn⩾1+1+1+⋯+1=n+1→+∞, donc Sn→+∞ par le théorème du chien méchant. Si r<1, on a SnrSn=1+r+r2+⋯+rn=r+r2+r3+⋯+rn+1, et donc Sn−rSn=Sn(1−r)=1−rn+1. On obtient Sn=1−r1−rn+1. En vue du lemme précédent, si −1<r<1, on a limn→∞Sn=1−r1, et si r⩽−1, Sn n’a pas de limite.
On voit donc que pour ∣r∣<1, la somme infinie 1+r+r2+r3+⋯ converge.
La suite (Sn) au-dessus est appelée la suite des sommes partielles.
Soit r∈R tel que ∣r∣<1. La somme infinie 1+r+r2+r3+⋯ est appelée série géométrique, et r est dit la raison de cette série. On peut écrire ∑n=0∞rn.
Attention: une somme infinie n’a de sens que si elle converge.
On évalue la somme infinie 1−0.7+0.72−0.73+0.74−⋯ en utilisant la série géométrique de raison −0.7:
La somme infinie 1+2+22+23+24+⋯ ne converge pas, puisque r=2>1.
Les séries géométriques sont utiles dans plein de contextes. Voici un exemple géométrique: le flocon de von Koch. On construit les formes géométriques suivantes par récurrence, en commençant par un triangle équilatéral F0, d’aire 1. À chaque étape, on “colle” des petits triangles équilatéraux au milieu de chaque côté de la forme précédente (la longueur des côtés d’un petit triangle est un tiers de la longueur du côté à laquelle on le colle).
On pose An et Cn:= aire de Fn:= nombre de coˆteˊs de Fn. Ainsi, on a A0C0A1C1A2C2A3C3⋮=1=3=A0+C0⋅91=1+3⋅91=3⋅4=A1+C1⋅(91)2=1+3⋅91+3⋅4⋅(91)2=3⋅4⋅4=A2+C2⋅(91)3=1+3⋅91+3⋅4⋅(91)2+3⋅4⋅4⋅(91)3=3⋅4⋅4⋅4 On déduit donc les expressions AnCn=1+3⋅91+3⋅4⋅(91)2+⋯+3⋅4n−1(91)n=3⋅4n On peut réécrire An de la façon suivante: An=1+93[1+94+(94)2+(94)3+⋯+(94)n−1]. On voit apparaître donc la série géométrique de raison r=94. Ainsi, on a n→∞limAn=1+93⋅1−941=58.
On peut montrer que tout nombre réel dont le développement décimal est périodique est un nombre rationnel, à l’aide des séries géométriques. On prend l’exemple de x=1.151515151515…, mais ce qu’on va dire se généralise facilement à n’importe quel nombre à développement décimal périodique. On exprime x ainsi: x=1+0.15+0.0015+0.000015+0.00000015+⋯=1+15⋅1001+15⋅(1001)2+15⋅(1001)3+⋯=1+15⋅1001[1+1001+(1001)2+(1001)3+⋯]=1+15⋅1001⋅1−10011=1+9915=99114. On voit donc que x=99114∈Q.
La série géométrique suivante est une des premières à être évaluée dans l’histoire des mathématiques, par Archimède.
L’aire A indiquée ci-dessus en rouge peut être évaluée en utilisant une série géométrique. A=(21)2+(21⋅21)2+(21⋅21⋅21)2+⋯=41+(41)2+(41)3+⋯=[1+41+(41)2+(41)3+⋯]−1=1−411−1=31. La méthode de Archimède était plutôt géométrique: on constate que trois fois l’aire rouge donne l’aire du carré. On a donc 3A=1, d’où A=31.
Polycopié rédigé par Sacha Friedli, Anastasia Khukhro, Ghid Maatouk. Sauf indication contraire, le contenu de ce document est soumis à une licence Creative Commons internationale, Attribution - Utilisation non commerciale - Partage dans les mêmes conditions 4.0 International (CC BY-NC-SA 4.0)